Comment l’intelligence artificielle se met au service de la sobriété énergétique

En quoi la data et l’intelligence artificielle contribuent-elles à la sobriété et à l’accélération de la transition énergétique ?

Jean-Pierre Pélicier : Nous collectons sur nos installations à travers le monde – fermes solaires, éoliennes… – une masse colossale de données. Avec le développement à venir de nouvelles infrastructures pour répondre aux besoins d’un monde sans énergie carbonée, elles seront encore plus importantes. En alliant ces datas aux données météorologiques, satellites et cartographiques, nous agissons en fait directement en faveur de la transition énergétique. 
D’abord parce que ces datas nous permettent de déterminer l’efficacité des sites en identifiant lesquels sont les plus favorables en termes d’exposition au soleil, aux vents, au climat. Nous sommes ainsi mieux informés pour construire des sites de production d’énergie renouvelable efficients. Ensuite, parce que les données collectées en temps réel sur les installations permettent d’optimiser nos équipements en déclenchant le plus rapidement possible les opérations de maintenance ou de réparation de pièces défectueuses. Ce pilotage opérationnel à distance est d’autant plus utile que nos installations sont parfois difficiles d’accès. 
Enfin, la data est largement utilisée pour suivre la décarbonation d’ENGIE. Elle mesure la cohérence entre nos actions opérationnelles de terrain et nos engagements Groupe, pour être au rendez-vous du Zéro Émission Nette d’ici 2045.

Comment fonctionne concrètement le pilotage énergétique d’une installation par la data ?

J.-P. P. : Prenons l’exemple d’un panneau solaire dans une ferme photovoltaïque d’ENGIE sur un site isolé. Grâce à la data, on peut suivre heure par heure sa production d’électricité. Les données sont également largement utilisées pour anticiper la production d’énergie renouvelable, alternative par essence. En effet, grâce aux modèles d’IA appliqués aux données de prévision météorologique, il est possible de prévoir l’énergie qui sera produite et ainsi limiter l’utilisation d’autres sources de production d’énergie.
On peut également modéliser la quantité d’électricité qu’un panneau peut produire en conditions normales, en analysant les données satellites et météorologiques collectées en temps réel. En cas de baisse de performance, nos équipes sont immédiatement informées et peuvent intervenir plus rapidement. Sans l’intelligence artificielle, nous perdrions en efficacité et en agilité. Les équipes d’entretien et de maintenance seraient contraintes de contrôler régulièrement tous les panneaux du parc, avec le risque de ne pas identifier les besoins entre deux visites. Grâce à elle, nous sommes hyper réactifs et économisons des coûts et du temps humain précieux. 

Comment la data permet-elle concrètement aux entreprises et aux particuliers de consommer mieux et moins d’énergie ?

J.-P. P. : Grâce à nos solutions numériques, nos clients industriels peuvent surveiller leur consommation d’énergie sur leurs sites. On installe des Energy management Systems – des systèmes logiciels qui s’appuient sur la collecte des données – pour analyser les profils de consommation des machines et proposer des optimisations. Lorsqu’ils sont producteurs d’électricité, en installant par exemple des panneaux solaires sur leurs bâtiments, nos solutions leur permettent de suivre en détail leur production et de la gérer au mieux au jour le jour.
Côté clients particuliers, notre offre mesure en temps réel la consommation des principaux appareils électriques (chaudière, radiateur, four…) du foyer, toujours dans un objectif d’optimisation (par exemple mettre son lave-vaisselle en mode « éco »). C’est simple, mais ultra efficace. La solution eCare, par exemple, permet de contrôler à distance des objets énergétiques des foyers grâce à des algorithmes de machine learning. Aujourd’hui eCare est connecté à plus de 145 000 objets dans 4 pays en Europe. Nous accompagnons également nos clients particuliers pour définir le potentiel de leur habitation en termes de production solaire, que ce soit à titre individuel ou sur un ensemble d’habitations (comme pour le projet Harmon’Yeu).