![]() | L’analyse de Florence Colombo-Fouquet, Vice-Président ESG d’ENGIE. |
Pourquoi ENGIE était-il à la COP30 ?
Pour montrer que la transition énergétique est en marche et qu’on ne reviendra pas en arrière. Nous souhaitions par ailleurs soutenir une initiative lancée par la Présidence brésilienne, visant à donner une vraie place aux biomolécules dans la transition énergétique, en complément de l’électricité verte. On peut se réjouir du Pledge Belém 4X, un engagement international visant à quadrupler la production et l’usage de carburants durables (biofuels, biogaz, hydrogène, e-méthane) à d’ici 2035.
Cela correspond exactement à notre stratégie reposant sur l’alliance entre l’électron et la molécule.
Comment avez-vous vécu ces quelques jours au Brésil ?
Il régnait un réel sentiment d’urgence parmi les pays présents. Le Président Lula avait par ailleurs choisi Belém comme un lieu symbolique. Sur place, on ressent très concrètement les effets du changement climatique : il faisait 35°C et 80% d’humidité. Je me suis rendu compte, en tant que Française, à quel point y vivre est déjà difficile.
Pourquoi cette édition s’est-elle globalement avérée décevante ?
Belém s’est tenu dans un climat international marqué par l’absence des Etats-Unis. La présidence brésilienne a porté les négociations mais ne pouvait objectivement pas arriver à un accord très ambitieux dans le contexte actuel. Ainsi, la sortie progressive des énergies fossiles reste encore un sujet de désaccord profond entre les différents Etats. L’Union européenne, plusieurs pays latino-américains, les petits États insulaires et le Groupe Afrique ont ouvertement regretté cette absence de signaux clairs sur la sortie du pétrole, du gaz et du charbon, estimant que la COP de Belém « manquait son rendez-vous avec l’histoire » alors que l’objectif de +1,5 °C est désormais hors de portée.
Toutefois, la Présidence brésilienne a tracé la route pour la prochaine COP, en maintenant ce sujet à l’ordre du jour des discussions de 2026. Elle a également arraché un accord sur l’adaptation avec l’objectif de tripler les financements sur ce sujet d’ici à 2035.
La « COP de l’Amazonie » a-t-elle permis des progrès dans la lutte contre la déforestation ?
Là encore le résultat est en demi-teinte. Le Fonds pour les Forêts Tropicales Éternelles a été lancé, et a récolté 6,5 milliards de dollars. Mais certains pays considèrent ce résultat comme insuffisant et loin des besoins identifiés.
Quels aspects positifs voyez-vous dans cette COP ?
Si Belém n’a pas permis d’augmenter le niveau d’ambition globale, la COP30 a tout de même quelques mérites : elle stabilise le cadre multilatéral ; elle ouvre le chantier de l’adaptation ; et elle fixe une feuille de route structurante pour les COP31, 32 et 33.
L’un des progrès notables concerne l’adaptation. Les diplomates ont avancé sur la définition de critères permettant de comparer les pays entre eux en termes d’impacts et de niveau de résilience, en évaluant par exemple les infrastructures, les systèmes de santé, l’eau ou encore l’agriculture. Ils ont appelé à tripler les financements d’adaptation, mais seulement d’ici 2035, alors que plusieurs pays, dont le Groupe Afrique, réclamaient 2030.
Les modalités techniques du Global Goal on Adaptation (GGA) restent contestées et renvoyées aux sessions intermédiaires de Bonn en 2026.
D’autres dossiers techniques majeurs sont renvoyés aux discussions de Bonn 2026 : le suivi du bilan mondial (Global Stocktake) et les nouvelles trajectoires que doivent se fixer les Etats d’ici à 2030 (les CDN ou contributions déterminées au niveau nationale).
En conclusion, que retenez-vous de cette COP30 ?
Belém restera comme une COP de stabilisation plutôt que de transformation. On a évité un échec diplomatique, clarifié certaines lignes de fracture et ouvert des chantiers nouveaux. Mais cette COP n’a pas apporté de réponse à la hauteur de l’urgence climatique.
Et pour ENGIE ?
Pour ENGIE comme pour l’ensemble des acteurs énergétiques engagés dans la transition, Belém confirme l’importance de poursuivre l’accélération des solutions bas-carbone, de renforcer l’adaptation et de contribuer activement à l’élaboration des futures trajectoires NDC en collaboration avec les Etats. Cette COP a également permis de mettre à l’honneur les biomolécules (biocarburants, biométhane, H2, carburants de synthèse, ...) comme l’un des leviers de la transition énergétique, ce qui est très important pour ENGIE.

